Corps Paysage 2024 – Météorologie dansée, quand l’imprévisibilité devient une alliée

Corps Paysage 2024

Météorologie dansée, quand l’imprévisibilité devient une alliée

 

« Ce que nous regardons est à une distance immaîtrisable. Le ciel est de toute façon trop loin, il ne nous donnera jamais son détail ou l’intimité de sa texture. Et d’un autre point de vue il envahit déjà la pièce, il nous touche déjà puisque nous y étouffons, s’il fait chaud et y grelottons s’il grêle. Ce que nous regardons alors nous surplombe littéralement et à ce titre ce que nous regardons nous regarde (…). Et puis le temps se dilate extraordinairement pour que ces œuvres nous puissent devenir visibles. Une telle dilatation n’est pas de notre fait : c’est le ciel lui-même qui en décide- sa manière ce jour-là de bien vouloir faire « lever » un crépuscule. Alors le ciel n’est plus le fond neutre des choses à voir, mais le champ actif d’une imprévisible expérience visuelle. Le ciel n’est plus vaguement « autour » ou « au-dessus » de nous, mais là exactement sur nous et notre nous, présent parce que changeant, nous obligeant à l’habiter, si ce n’est à monter à sa rencontre. »
Georges Didi-Huberman – L’homme qui marchait dans la couleur – éditions de Minuit

« Il y a un lien entre la météo et la notion d’incertitude. D’ailleurs, si vous regardez le mot incertain dans le dictionnaire, un des exemples est : le temps est incertain. En fait, la météo révèle la part d’incertitude dans l’homme. On peut considérer la météo, la météorologie, qu’on appelle la science des météores, comme un modèle pour penser le mouvement. »
Anouchka Vasak

Si le temps qu’il fait est l’un des sujets de conversations les plus quotidiens depuis toujours, nos conversations météorologiques revêtent aujourd’hui une dimension particulièrement préoccupante, voire même angoissante, à l’heure des violents désordres climatiques qui ne cessent de se produire ici comme ailleurs, dans un monde de plus en plus soumis aux aléas de la crise écologique.
Face à la peur, l’impuissance et la désolation devant les mauvaises nouvelles qui nous parviennent de nos bulletins météo et contre le solutionnisme technique qui ne fait qu’accroître la tentative de contrôle sur ce qui nous échappera pourtant toujours, nous pensons que les pratiques d’improvisation en danse peuvent nous permettre de mieux vivre dans un monde de plus en plus imprévisible et chaotique.
En effet, les techniques d’improvisation en danse nous enseignent à cohabiter avec nos émotions pour ne pas les laisser nous figer dans nos gestes et nos imaginaires. Elles nous apprennent à travailler avec et depuis notre vulnérabilité et notre déséquilibre, à rester ouverts et disponibles à l’inconnu qui émerge, à faire confiance au sol et à l’espace qui nous portent, à naviguer avec les mouvements permanents de notre attention et à faire des choix dans l’instant.
Peut-être plus encore, ce que la danse improvisée nous permet de cultiver, c’est l’intuition d’habiter ce même ciel, d’être mû.es par les mêmes courants atmosphériques, de ressentir les mêmes embruns. Bref de nous sentir profondément relier les un.es aux autres, ainsi qu’à tous les vivants.
Si parler du temps qu’il fait, c’est manifester que nous faisons partie du même monde – ce que Peter Sloterdijk nomme notre « condition atmosphérique » –, alors danser le temps qu’il fait, c’est manifester cette communauté bien au-delà de notre seule humanité.
Ce sont donc sous les auspices des préoccupations météorologiques que Corps Paysage se déroulera cette année.

Nous nous rendrons sensibles aux variations atmosphériques, aux états du ciel, aux mouvements des nuages, aux précipitations, au vent… Nous porterons notre attention sur la manière dont nos humeurs, nos affects, nos paysages intérieurs entrent en correspondance et en résonance avec des phénomènes météorologiques (zone de basse pression, vague de chaleur ou de douceur, bourrasque de vent ou morceau de ciel voilé…). Nous explorerons la manière dont nos techniques d’improvisation nous permettent de nous relier au ciel, d’éprouver la perturbation de nos repères, de coopérer en situation de désorientation, de manifester des choix éclairés par l’éprouvé du corps, de traverser des zones de pleine couverture nuageuse et de transformer des affects en mouvements.

Dans un aller-retour entre le studio et la plage, l’individu et le groupe, nous vous proposons d’explorer ce corps paysage façonné par le temps qu’il fait comme par celui qui passe.

Céline Auclair et Céline Robineau
Depuis 7 ans, nous avons la joie de porter ensemble cette proposition du Corps Paysage, et de la renouveler au contact des lieux dans lesquels elle se déploie, des différentes thématiques abordées, du groupe constitué. Nous inventons des ponts entre nos pratiques — Life Art Process, Contact Improvisation, composition instantanée, butô, pratiques somatiques, hypnose ericksonnienne — dans un esprit de recherche et de cocréation. Pour en savoir davantage sur notre parcours, vous pouvez consulter nos sites respectifs : www.celinerobineau.eu et www.celineauclair.fr

Dates 
Du 22 au 25 août 2024- Stage de 4 jours avec 2h de pratique le jeudi soir puis 5h de pratiques les vendredi, samedi et dimanche.
Lieu
Lannion – Salle de danse de Servel, ciels de la côte sauvage !
Tarifs
Tarif soutien 260€ / tarif normal 220€ / tarif réduit 180€ (minima sociaux, étudiant-es)
Earlybird : 170€ jusqu’au 19 mai.

Réservation possible avec envoi de chèques, 2 maximum. Les encaissements ne se font qu’après le stage.
Conditions d’annulation
Remboursement de la moitié du montant du stage jusqu’au 01 Juillet. Passé ce délai, aucun remboursement ne pourra plus être effectué.
Inscriptions
corps-paysage@riseup.net
06 72 57 06 36 / 06 37 00 25 31