La Femme Papier
Questionnement sur le corps de la femme, voyage de l’objet au sujet…
Texte – génèse du projet :
« Corps meurtris, chair abandonnée, flétrissement et mal être, honte de soi,
voile de sidération et figement d‘un autre temps, peau de honte, peurs à peine prononcées, errance charnelle, maladresse sensuelle, confondre aimer et donner…
La graine de la haine de soi, plantée et arrosée à coup d‘humiliations, d‘abnégation, de répression, d’invisibilité et de silence, de dépossession de soi, de coercition, d’entraves aux libertés d’expression, d’insouciance, de prendre plaisir, d’autonomie,…
Dissolvant les limites, effaçant les contours de soi, et tout à la fois rendant ce corps captif
Sentir et vouloir donner place à ses élans profonds, son être, ses singularités, son pouvoir et sa puissance,
Danser réparation et guérison
Cette performance part de l’histoire d’une femme, de témoignages de nombreuses autres rencontrées au gré de résidences de recherche, de stages et de performances dansées, de lectures féministes et de recherches sur les rapports de domination dans notre système et de leurs insinuations dans l’éducation, la construction psychologique, les rapports sociaux, le regard sur le monde depuis la singularité d’un corps de femme…
Comment un corps de femme aujourd’hui peut il encore se sentir inférieur,
honteux, muselé ? Quels états de corps et quelles danses naissent de cela ? Où trouver l’émancipation, le rebond, la quiétude, la rébellion ?
Avec le mouvement comme point d’ancrage de la recherche, le corps pour véhicule dans le passé, le présent, l’émotionnel et l’imaginaire, je parcours mon histoire et celle de tant d’autres, à la recherche d’hypothèses, de ressentis, d’impératifs à exprimer, de brûlantes obsessions à délivrer, d’urgence à exposer, au delà des jugements, avec et par delà les mots…
Dans une prise de parole sensible et un engagement physique brûlant, ce solo dansé explore le mystère de l’énergie profonde qui permet mutations et transformations. Il interroge ce qui déclenche le mouvement de l’émancipation, l’ambivalence d’un parcours, le passage de l’objet au sujet, d’un corps soumis à un corps libéré – mu par différentes forces – hybride.
Mise en scène – TANGUY :
Accompagner l’artiste dans sa fragilité pour éviter les certitudes qui trouvent peu de sens. L’abandonner au doute avec bienveillance. La tension théâtrale peut alors advenir. Raconter avec sincérité le parcours intime d’une femme, ses incompréhensions, ses combats, ses résiliences. Cela passe par la naïveté de l’instant, la joie de la découverte et le dépassement de soi.
Ce dialogue que nous avons délicatement noué avec Céline s’est enrichi avec la technique du Life Art Process qu’elle entretient. L’écriture scénique oscille ainsi sans cesse entre la narration et le mouvement instantané. L’image et la poésie se dessinent en même temps que la surprise de l’interprète. L’authenticité opère au gré d’une histoire qui se découvre alors qu’elle se danse.
L’espace sonore s’invente également en jouant la dualité. D’un côté, le bruit des matières que la danseuse manipule évoquant des sons bruts de forêt, de crépitement du feu, du vent. D’un autre, les voix des femmes, trop souvent tues, qui se font entendre grâce à une bande son exclusivement composée de morceaux d’artistes femmes. De la musique du XIIème siècle aux résonances électroniques contemporaines, le corpus musical accompagne l’artiste dans une recherche corporelle aussi personnelle que sororale.
Dès lors, si la trajectoire d’une femme est faite de doute, d’inconfort, d’exposition, de combats et de victoires, il en est de même ici pour l’interprète qui, accompagnée des voix des sœurs, fait corps à son parcours comme au spectacle.
Scénographie – Claire Gablin :
Ma rencontre de Land artiste « Broder la danse du végétal »
Dans cette tranche de vie ainsi découpée, j’ ai ressenti l’envie de jouer avec le végétal. Ici des repousses de saules taillées tronçonnées qui vont vivre une seconde vie de scénographie avant le compostage. Ils joueront les partenaires de la danseuse.
Ma rencontre de Poète avec le son et le poids des mots « Froisser du papier kraft , »
Le papier lui symbolise le poids des mots que l ‘on écrit et que l ‘on dit. La femme papier Terrorisée-soumission-pétrifcation- rase les murs- se fond dans le décor, disparaît au regard de l ‘autre et de soi.
Ma rencontre de Tricoteuse de liens
« Tisser une peau poilue avec des écheveaux de chanvre ancien»
En temps que plasticienne tricoteuse de liens, j’appartiens au tissu du vivant. Je tricote mon fl et crée une seconde peau poilue que revêt la femme (la peau est l’ organe le plus étendue du corps presque 5 m2 et pèse environ 5 kg) Le costume sera aussi d ‘un certain poids.
Ma rencontre de Photographe dans ce temple du Vivant. Ma rencontre de dessineuse dans cette univers métaphorique.
Bios :
TANGUY – Mise en Scène :
Initié au théâtre sur la côte de Granit Rose dès son plus jeune âge, Tanguy part se former au conservatoire de Poitiers puis à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier. Rapidement, il joue dans des spectacles professionnels et tisse notamment une rencontre de près de 10 ans avec le Groupe Merci à Toulouse. Par ailleurs, il crée sa compagnie Le P’tit B en Bretagne puis la Compagnie du Mauvais Genre en Poitou Charentes. Après plus d’une dizaine de créations collectives et autres collaborations artistiques à travers la France, Tanguy continue ses explorations auprès de la live art organization Punctum en Australie. À son retour, il entame une étroite collaboration avec la performeuse Lucie Monzies à Nantes, crée des formes lectures chez l’habiant.e dans les Côtes d’Armor avec l’autrice Pauline Guilherm et accompagne Céline Robineau sur sa performance dansée La femme papier.
Claire Gablin – Scénographie :
Artiste Plasticienne aux nombreux médiums, Claire Gablin arpente, depuis 30 ans, les plages du Trégor. Ses incessantes balades lui permettent d’aiguiser son regard et de découvrir une lecture nouvelle des images que la nature nous offre. Une recherche qui lui a fait explorer intimement et plastiquement de nombreuses matières telle que la paille, la terre, les algues, le sable, le plancton, les rochers qu’elle donne alors à voir sous différents supports gravure, expo photos installations. Sa créativité cherche ainsi à sortir la matière de son contexte culturel. Enfn, c’est la matière humaine qu’elle questionne à travers le mouvement dansé. Cet invisible qui devient matière à créer entre soi et l ‘autre, entre la scène et le sujet, entre la danse et le vivant en soi et à l extérieur de soi. Cette face de l ‘invisible à nos yeux, si importante la touche et stimule son imaginaire créatif et insatiable. Son œuvre participe au décloisonnement des discours « sociauxanimalvégétalminéral »